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18 mars 2008

Conduire un bus..., un rêve pour Kahina et Gaëlle

Le monde.fr du 28 janvier 2008
Laureen Ortiz

Se référant au cliché "femme au volant, mort au tournant", Kahina, 28 ans, de Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis), veut croire que "les mentalités changent". Ces a priori l'ont pourtant empêchée de suivre les études de mécanique dont elle rêvait et de choisir le métier qui lui plaisait. "Dans mon milieu, les femmes conductrices de bus ou de poids lourds étaient mal vues", dit Kahina, fille d'un père routier et d'une mère femme au foyer. Elle décide donc de se lancer dans le secrétariat puis la restauration, mais sans succès. Aujourd'hui, après trois années de chômage, elle participe à l'opération "Femmes transports", sous la houlette de l'association d'insertion professionnelle Retravailler. Cette Algérienne pense avoir trouvé sa voie : chauffeur de car. A la suite d'une formation de trois mois, qui se terminera mi-février, elle espère intégrer l'entreprise où elle effectue un stage, les Courriers d'Ile-de-France (CIF), une société privée de transports de l'est de la banlieue parisienne. Espérant aussi obtenir le permis D (transports en commun), elle voudrait "prouver à (ses) frères qu'elle peut le faire".

Kahina, comme les dix femmes bénéficiant de cette formation financée par la délégation départementale aux droits des femmes, profite d'une tendance favorable. "Les entreprises de transport recherchent de plus en plus de conductrices et de femmes machinistes", souligne Françoise Candier, directrice du club d'entreprises Face 93, qui a organisé le 8 mars 2007, pour une cinquantaine de femmes, une visite d'un centre bus de la RATP. "Il était temps que ces sociétés ouvrent les yeux, note une participante, Gaëlle, 29 ans, de Romainville. Les femmes ont une conduite plus sécuritaire, plus confortable pour les clients, c'est statistique." Malgré leurs atouts pour la conduite, ces candidates souffraient, en général, d'un manque de formation. Pour être recruté à la RATP, il faut passer des tests que peu réussissent. C'est le constat de Mme Candier, à l'origine de cette remise à niveau confiée à Retravailler, qui dispense notamment des cours de français et de mathématiques.

"Elles ont aussi besoin de reprendre confiance en elles, de voir que ça avance. Il faut d'abord les préparer à ce métier perçu comme masculin, puis faire des stages", explique Ingrid Fleurant, qui pilote la formation. Issues de l'immigration pour la plupart, ces femmes cumulent les difficultés. Algérienne, Naïma, 25 ans, a connu de nombreux allers-retours entre la France et son pays d'origine. A l'adolescence, elle décide de rester en France, mais n'obtient pas le baccalauréat. "C'est là que ça devient dur", dit-elle. Elle tente un CAP consacré aux métiers de la petite enfance, mais réalise que "rester dans une pièce toute la journée" l'ennuie. Tout comme Gaëlle, qui a quitté la Martinique après le bac : "J'ai eu un emploi-jeune d'aide-éducatrice. Ce n'est pas un métier pour moi !" Aujourd'hui, elle ressent la "certitude" de pouvoir entrer à la RATP.

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