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8 octobre 2008

Les balbutiements des crèches d'entreprises

Le monde.fr du 09 septembre 2008
Morgane Tual

Malgré quelques retards dans l'achèvement des travaux, ce sont bien des bambins de moins de 4 ans qui devraient bientôt s'installer dans cet hôtel particulier du quartier de l'Etoile à Paris dans lequel Gustave Eiffel avait préparé l'exposition universelle de 1889. Ces 600 mètres carrés avec une cour viennent d'être transformés en une crèche de 55 berceaux. Les collaborateurs des entreprises du quartier pourront y déposer leurs enfants.

Ces sociétés réservent des places pour leurs salariés moyennant 8 750 euros l'année. Les parents, eux, acquittent le même tarif que pour une crèche municipale, c'est-à-dire celui du barème de la Caisse nationale d'allocations familiales (CNAF).

Comme la plupart des autres crèches d'entreprises, celle de l'Etoile présente l'avantage de pratiquer des horaires larges. Elle accueille les enfants de 8 heures à 20 heures. En outre, pour les parents qui ressentent le besoin de conseils, un psychologue est présent.

L'autre qualité dont se prévalent ces crèches est de favoriser le travail des femmes. "Comme je n'avais pas obtenu de place en crèche municipale, j'ai pris un congé parental d'un an. Si j'avais connu cette structure plus tôt, j'aurais continué le travail. Finalement, je reprendrai l'année prochaine", explique Sophie, qui a déjà inscrit ses deux enfants de 3 mois et 2 ans.

Parallèlement, ce système de garde contribuerait à faire progresser l'égalité dans le couple. "Je vois beaucoup de papas dans ces nouvelles crèches, ce qui n'était pas le cas avant, affirme Odile Broglin, fondatrice de People & Baby, société gestionnaire de la crèche de l'Etoile. Cela redonne une place aux pères dans la garde des enfants." La proximité du lieu de travail et l'amplitude des horaires permettent en effet aux pères qui le souhaitent de remplir leur rôle.

Si la Caisse d'allocations familiales (CAF) a pris en charge près d'un tiers du coût des travaux, c'est People & Baby qui loue le bâtiment et gère la structure. C'est aussi ce prestataire qui décide du recrutement du personnel, de la confection des menus, du choix du matériel, et qui effectue les démarches administratives.

Pour mieux séduire les parents, la société People & Baby cherche à se distinguer avec une image dans l'air du temps. "Le matériel est design et respectueux de l'environnement, souligne Farid Bouabbas, le directeur de la crèche. Nous utilisons des couches recyclables, des produits d'entretien biodégradables et nous essayons, autant que possible, de nourrir les enfants avec des produits bio."

Mais, quand on demande à Farid Bouabbas s'il y a un risque de ghettoïsation, il répond : "On ne s'adresse pas aux gens qui vivent dans le quartier, mais à ceux qui y travaillent. Il y aura de la mixité sociale, car nous accueillerons aussi bien les enfants d'une secrétaire que ceux d'un PDG."

L'ouverture de la crèche de l'Etoile illustre bien ce nouveau système de garde des jeunes enfants dont les prémices remontent à 2004. C'est à cette date que la CAF a mis en place des dispositifs financiers pour aider les entreprises à se lancer dans les crèches interentreprises.

En effet, pour pallier la pénurie d'installations municipales, qui complique la vie de leurs salariés, de plus en plus de sociétés envisagent de mettre en place des structures d'accueil pour les enfants. Si les grandes sociétés peuvent créer leurs propres crèches, beaucoup de petites et moyennes entreprises n'en ont pas les moyens.

Entre 2004 et 2007, le nombre de places en crèche créées par des prestataires privés a été multiplié par 40. "On est passé de quelque chose de très confidentiel à un vrai phénomène de société, explique Laurent Ortalda, responsable du pôle petite enfance à la CNAF. Ce type de crèches se développe à Paris comme en province, et pas seulement dans les grandes villes." En cette rentrée, une dizaine de crèches de ce type devaient ouvrir sur tout le territoire.

Il est vrai que tout le monde semble trouver son compte dans ce système de garde. Les entreprises, de plus en plus nombreuses à réserver des berceaux, y voient un moyen de réduire les retards et l'absentéisme, souvent causés par des problèmes de garde d'enfants. Les directeurs des ressources humaines considèrent aussi l'existence de ces structures comme un atout pour le recrutement et la fidélisation des salariés.

Quant aux parents, ils évitent ainsi les laborieuses - et souvent infructueuses - démarches pour obtenir une place en crèche municipale.

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